La Chine franchit un cap déterminant dans le secteur de la robotique avec le démarrage de la production de masse de robots humanoïdes destinés à l’industrie. Deux modèles incarnent cette ambition : le Walker S2 d’UBTECH et l’AgiBot G2 d’Agi Robotics. Ces machines représentent bien plus qu’une prouesse technologique, elles traduisent une stratégie industrielle nationale visant à positionner le pays comme leader mondial avant 2027.
Des volumes de production sans précédent
UBTECH marque l’histoire en lançant la première production industrielle de masse au monde avec son robot Walker S2. L’entreprise chinoise prévoit de fabriquer 1 000 unités dès 2025, avant de multiplier ce chiffre par dix l’année suivante avec 10 000 robots humanoïdes industriels. Cette montée en cadence témoigne d’une maturité technologique suffisante pour quitter les laboratoires et investir massivement les chaînes de production. Les usines chinoises s’apprêtent ainsi à accueillir une main-d’œuvre robotisée capable de travailler 24 heures sur 24.
L’intelligence artificielle au service de la dextérité
L’AgiBot G2, présenté en novembre 2025, intègre des capacités qui repoussent les limites de la robotique humanoïde. Son architecture repose sur une plateforme Nvidia Jetson Thor T5000 offrant une puissance de calcul de 2 070 TFLOPS. Le robot combine perception visuelle à 360°, Lidar miniature et modèle vision-langage pour comprendre des instructions verbales. Sa main ultra-précise manipule aussi bien des objets fragiles que des charges lourdes, tandis que son squelette en fibre composite optimise ses déplacements sur les lignes de montage et dans les entrepôts logistiques.
Des applications concrètes dans l’industrie
Ces robots humanoïdes industriels trouvent leur place dans des environnements de travail exigeants. L’AgiBot G2 excelle dans les opérations de contrôle qualité, la logistique interne et l’assemblage de composants. Le Walker S2 s’oriente vers des tâches répétitives qui mobilisent actuellement des opérateurs humains. Le ministère chinois de l’Industrie et des Technologies de l’information insiste sur leur utilisation dans des conditions difficiles et dangereuses, permettant de préserver la santé des travailleurs tout en maintenant la productivité. Les secteurs de la santé, de l’agriculture et des services domestiques constituent également des débouchés prometteurs.
Un centre de formation dédié aux robots
Shanghai accueille une infrastructure unique au monde : le National and Local Co-built Humanoid Robotics Innovation Center. Ce centre produit quotidiennement entre 20 000 et 30 000 données d’entraînement, avec un objectif de 50 000 entrées par jour à plein régime. Des formateurs humains répètent des milliers de gestes pour alimenter l’apprentissage des machines. Cette plateforme collaborative permet de partager les connaissances entre fabricants et d’accélérer le développement d’une intelligence artificielle commune. L’ambition est de créer un « super cerveau » capable d’améliorer tous les robots humanoïdes industriels, quelle que soit leur marque.
Des enjeux stratégiques face à la concurrence mondiale
Le gouvernement chinois a fixé des objectifs ambitieux dans ses directives de 2023 : établir un système d’innovation complet et assurer un approvisionnement autonome en composants essentiels d’ici 2025. Cette initiative répond à plusieurs défis simultanés. Le vieillissement démographique crée une pénurie de main-d’œuvre que ces robots humanoïdes industriels peuvent compenser. Les restrictions commerciales américaines sur les semi-conducteurs poussent la Chine à développer sa propre filière technologique. Face à Tesla Optimus, Boston Dynamics et les acteurs américains, Pékin mise sur une production massive pour conquérir rapidement les marchés internationaux et imposer ses standards.
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