Priscillia Rossi est une entrepreneure et conférencière engagée sur les problématiques liées à l’emploi et à l’employabilité, dotée d’une expérience de plus de 25 ans dans la Tech et le Digital.
Elle fonde Leihia en 2019, la première plateforme digitale qui combine l’intelligence artificielle et l’humain afin de révéler les talents et de permettre de recruter autrement : sans CV, ni profil de poste.
C’est pour cette approche inclusive que le Club Med a signé un partenariat de recrutement avec cette startup prometteuse et éthique, en pleine levée de fonds afin d’accélérer sa traction commerciale.
Entretien avec une entrepreneuse inspirante : Priscillia Rossi
D’où vient le nom « Leihia » ?
Leihia, au-delà de nous rappeler la princesse de la saga Star Wars, vient en résonance avec la vision portée par Leihia qu’il est désormais essentiel de créer une nouvelle économie vertueuse et circulaire en donnant du sens à nos vies par le travail pour tous, et en transformant en profondeur nos relations à l’emploi et la formation.
Experte et passionnée par tous les parcours de transformation, la saga Star Wars a toujours résonné en moi comme une source philosophique et d’inspiration pour tous les sujets de transformation. En plongeant davantage dans la bio de George Lucas, j’ai compris que c’est guidé par son propre parcours de transformation qu’il a créé sa saga.
Leihia rend donc un double hommage à la saga star wars. Au-delà de la princesse, Leihia signifie :
- L…. Pour George Lucas en hommage
- EI…. Emotional intelligence (intelligence émotionnelle)
- H… Humain, humanité
- IA : Intelligence artificielle
C’est en œuvrant ensemble pour une société moins clivée que nous parviendrons à transformer nos relations à l’emploi. Leihia combine l’humain (intelligence émotionnelle) et la technologie (intelligence artificielle) pour permettre à chacun de trouver sa place.
Vous avez embrassé un parcours entreprenarial après 20 ans en entreprise. Quel a été lé déclic pour vous lancer ?
Leihia repose sur ma vision holistique que la transformation digitale est une opportunité de voir naître les émotions sociales dans le collectif humain.
Après avoir travaillé pendant plus de 20 ans dans de grandes entreprises internationales et des startup, j’ai constaté que les clivages s’accentuent et la souffrance au travail n’a jamais été aussi présente dans l’esprit de tout le monde. Burn-out et même le bore-out sont ancrés dans le monde du travail et le desservent globalement.
Le marché du recrutement n’a jamais été autant en tension que depuis la sortie de crise sanitaire.
Après avoir moi-même été confrontée à la quête de sens au travail, et nourrie par un parcours professionnel dans l’IT, le digital et les ressources humaines, j’avais désormais besoin de servir une cause noble et juste : œuvrer pour permettre à chacun de trouver sa place au-delà des clivages.
Je découvre les travaux de Michel Serres et de Michel Authier et comprends que mon idéal est partagé depuis 30 ans par des humanistes et acte que la transmission de leur vision sera au cœur de Leihia. J’étais prête.
Quel rôle ont à jouer les startups dans la construction d’un monde plus éthique et inclusif ?
D’une manière générale, il me semble que les startup ont un rôle clé à jouer dans la construction du monde de demain. Depuis que je travaille, j’ai pu constater que l’une des différences majeures entre les startups et les grandes entreprises, peut se résumer en trois mots: agilité, impact, transformation.
Les entrepreneurs du monde de demain, ont envie de donner du sens à leur projet et de construire un monde, une économie en résonance avec leur propre besoin de changer le monde !
Je pense que les entrepreneurs ont bien compris les enjeux de transformation de notre monde et de notre économie et que nous avons tous en tête l’héritage que nous laisserons à nos enfants en termes d’environnement et de qualité de vie. Et d’ailleurs, je constate aussi que les grandes entreprises collaborent de plus en plus avec les startup pour toutes ces raisons notamment.
L’égalité, la diversité et l’inclusion ont été quelques-uns des grands sujets du dernier quinquennat. Et il semble que ces sujets commencent à raisonner au sein des entreprises. Ça y est ? La France bouge-t-elle vraiment ?
Je pense que la question est complexe et que, en effet, notre système politique s’est engagé pour permettre aux entreprises de penser autrement. La loi Pacte votée en 2019 (juste avant la crise du COVID) a considérablement permis de faire bouger les lignes en modifiant le code civil.
Désormais, le législateur accorde une place essentielle aux enjeux sociaux et environnementaux des entreprises.
Les entreprises rebattent les cartes et cherchent leur raison d’être qu’elle que soit leur taille d’ailleurs. Les petites entreprises vont travailler sur leurs valeurs, leur marque employeur, quand les plus grandes passent à l’action dans leur stratégie de RSE.
Le sujet est plus que jamais d’actualité, partout, dans tous les secteurs d’activité et d’autant plus fondamental que nous faisons face à une pénurie de talents.
La crise du Covid a rebattu les cartes de l’employabilité, de la manière de considérer son travail et donc de recruter. Quel regard portez-vous sur cette période et quel va être son impact à long terme ?
La crise du COVID a totalement inversé le paradigme de l’emploi et de l’employabilité.
D’abord le confinement a engagé une voie de réflexion et d’introspection sur la quête de sens à l’échelle planétaire.
La crise sanitaire a modifié nos modes de vie, de pensées et jusqu’à nos façons de respirer et de considérer notre liberté individuelle dans un moment de confinement.
Je pense que le monde ne sera plus celui que nous avons connu avant février 2020. Des métiers ont été abandonnés au profit de reconversions. Je pense par exemple aux métiers de l’hôtellerie, de la restauration, du tourisme par exemple. A quoi bon rester serveur alors que tous nos restaurants sont fermés ?
Et c’est ainsi que nous avons inversé le paradigme de l’employabilité. Plus de 60% de nos métiers en France sont en tension. Désormais les salariés ont pris le pouvoir et ils le savent !
Les entreprises n’ont pas vu venir ce changement et doivent réviser leur mode de recrutement et de management. Elles doivent s’adapter à ce changement qu’elles n’avaient, pour la plupart, pas anticipé. Le marché est clivé, tendu et en très forte tension. Partout. Je le constate et le déplore.
J’ai espoir qu’à long terme on parvienne à vivre et coexister dans une société réellement moins clivée dans laquelle salariés et employeurs œuvrent ensemble sans méfiance, ni défiance, à la réalisation d’un projet commun. Ceci nécessite une transformation profonde des modes de pensées collectives des entreprises et des salariés.
Leihia permet aux entreprises de recruter « autrement ». Comment ça fonctionne ?
C’est forte d’avoir anticipé ces transformations que Leihia a aussi compris que cela fait 100 ans qu’on recrute de la même façon, en alignant un CV (du déclaratif !) avec un profil de poste (du déclaratif !). Et ça fait 100 ans que ça ne fonctionne pas !
Alors on a injecté du digital dans le processus, en permettant d’aller plus vite au travers de la recherche par mots clés. Gare au candidat s’il n’a pas indiqué les ‘’bons’’ mots clés sur son CV !
Et puis depuis une dizaine d’années, on a pensé que les compétences comportementales (les soft skills) allaient dépoussiérer et faciliter l’analyse des candidatures. Or, je constate également que cela produit l’effet inverse que celui escompté : cela permet au recruteur de porter un jugement a priori sur des individus qu’il ne connaît pas !
Leihia est la première plateforme de recrutement éthique et inclusive du marché qui positionne le sens et les valeurs au cœur de la thématique de l’emploi et de l’employabilité.
Elle offre à tout individu en quête de sens et ou en recherche d’emploi, son bilan de talents et compétences professionnelles. Elle vous révèle votre identité professionnelle, et vous permet d’être accompagné par un coach professionnel aussi souvent que nécessaire ; puis elle vous connecte avec les entreprises vraiment faites pour vous.
Elle permet aux entreprises de recruter mieux et plus vite en travaillant leur identité de marque employeur, en mettant en valeur leur stratégie RSE et en leur permettant de déterminer la singularité de leur métier.
Pourquoi être développeur web chez Leihia, ce n’est pas la même chose que chez Blablacar ? Voici ce que révèle Leihia aux recruteurs.
Leihia opère la sélection de talents au-delà des compétences et appétences traditionnelles, au-delà des soft skills. La sélection est opérée en alignant la raison d’être professionnelle de l’individu (son ikigai professionnel) avec la singularité d’un métier.
C’est absolument unique, inédit et cela ouvre une nouvelle ère pour le recrutement par le sens et les valeurs.
Par ailleurs, Leihia a dématérialisé tout process de recrutement à la fois pour le recruteur et à la fois pour le talent. En ce sens, on nous appelle souvent le ‘’doctolib’’ du recrutement !
Enfin, Leihia est le seul éditeur du marché de la HRTech à mesurer son impact réel aux côtés de ses clients : notre rémunération est basée sur le résultat réel obtenu en termes de nombre de recrutements opérés avec le concours de Leihia.
Vous envisagez de lever des fonds. Pouvez-vous nous préciser l’impact positif qu’elle va avoir sur le développement de Leihia ?
Nous avons engagé une levée de fonds qui doit permettre à Leihia d’accélérer son développement par l’assise de sa marque. Nous ne sommes pas connus !
Nous sommes encore trop souvent confrontés à des talents qui pensent que Leihia c’est ‘’trop beau pour être vrai’’.
Et bien entendu, nous cherchons à augmenter notre impact sur le marché de l’emploi et du recrutement. Notre levée doit permettre de faire croître de 15% notre accompagnement auprès des demandeurs d’emploi pour atteindre 115 000 demandeurs d’emploi accompagnés en 18 mois.
Et ceci dans un contexte économique en tension : 90% des métiers recrutés avec Leihia sont des métiers en tension (services à la personne, hôtellerie, tourisme, restauration, comptabilité, vente, développeurs WEB et IT).
Boule cristal : à quoi ressemblera Leihia dans 10 ans ?
Je rêve d’un monde dans lequel chacun adorerait son travail et s’y rendrait le cœur léger. Cela vous parait fou ? Ce qui est fou, c’est de trouver ça fou !
Si dans 10 ans, Leihia a véritablement contribué à créer une nouvelle économie circulaire par et pour le sens au travail, alors j’aurai le sentiment d’avoir réussi pour moi, et surtout pour mes enfants et les générations à venir.
Quelle chanson allez-vous écouter à fond (ou pas) quand la levée sera signée ?
J’écouterai ‘’Imagine’’ de John Lennon qui accompagne Leihia depuis son origine : « Imagine there’s no countries, It isn’t hard to do… Nothing to kill or die for. And no religion too. Imagine all the people, living life in peace »
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