Theranos, la start-up qui a arnaqué la Silicon Valley

Theranos, c’était une petite start-up comme il y en a tant dans la Silicon Valley. Pourtant, celle-ci avait suscité un très large engouement des investisseurs et promettait de révolutionner le domaine des analyses de sang. Sa jeune fondatrice de 19 ans, Elizabeth Holmes, était même comparée à Steve Jobs. Pourtant, le 10 septembre 2018, l’entreprise a été dissoute et ses dirigeants sont poursuivis pour escroquerie. Retour sur la dernière arnaque de la Silicon Valley.

 

Theranos, une très belle histoire

La start-up a été fondée en 2003 par une jeune femme de 19 ans, Elizabeth Holmes. La promesse de la toute jeune entreprise est alors simple, mais révolutionnaire : réaliser des prises de sang sans aiguilles et des analyses de sang avec quelques gouttes seulement. Avec des quantités de sang entre cent et mille fois inférieures à la moyenne, les prix sont alors beaucoup plus bas.

Le marché des analyses de sang, aux États-Unis seulement, représente 75 milliards de dollars par an. Face à la promesse de rafler une grande part du marché, les investisseurs affluaient et alimentaient massivement l’entreprise pour l’aider à poursuivre son développement. En 10 ans seulement, la société était valorisée à 9 milliards de dollars. Sa fondatrice faisait la une des journaux alors qu’aucun résultat concret n’avaient encore été fournis.

 

>> A lire aussi : comment faire connaître son entreprise ?

 

Le début de la fin pour Theranos

Cependant, en 2014, le Wall Street Journal publiait une enquête affirmant que la startup ne réaliserait pas elle-même les analyses de sang. Le système révolutionnaire qu’elle aurait inventé n’existerait donc pas. La société ne vivrait que sous perfusion des investisseurs bernés par les promesses d’innovation et de profit.

Theranos déléguerait l’immense majorité des analyses de sang qui lui seraient confiées. De plus, les analyses de l’entreprise ne seraient pas suffisamment fiables pour être exploitées. L’entreprise d’Elizabeth Holmes a commencé par démentir, mais elle s’est faite rattrapée par les autorités sanitaires. La fondatrice a été condamnée à l’interdiction de posséder ou de gérer un laboratoire d’analyses pendant deux ans.

Fin 2017, l’entreprise frôle le dépôt de bilan et ne doit sa survie qu’à un emprunt qui lui a été accordé à la dernière minute. En plus, l’entreprise est accusée d’avoir menti à ses investisseurs en leur cachant que la machine révolutionnaire tant vantée ne pouvait réaliser que 12 des 200 analyses proposées. D’autres mensonges sont reprochés aux dirigeants, notamment la falsification du chiffre d’affaires qu’ils annonçaient à 100 millions de dollars en 2014 quand il n’était que de 100.000 dollars.

 

Une dissolution et de la prison pour Elizbeth Holmes

Pour avoir sciemment menti à ses investisseurs et aux organismes de régulation financière, les dirigeants de la start-up, dont sa fondatrice (qui a démissionné de ses fonctions en juin 2018), risquent jusqu’à 20 ans de prison. Ils ont été inculpés pour escroquerie par le procureur de Californie.

L’avenir de l’entreprise est alors très clair. Après avoir tenté, en vain, de trouver un acheteur pour rembourser les investisseurs, David Taylor, le nouveau directeur général, a décidé de dissoudre l’entreprise. Résultat, aucun investisseur ne récupérera son argent.

Une telle situation n’est pas une première dans la Silicon Valley. En effet, l’engouement des investisseurs semble être une force communicative que rien ne peut arrêter, mis à part le temps et une condamnation pour escroquerie.