Serial entrepreneur de 35 ans, Benjamin Suchar est le fondateur et CEO de la startup Worklife, qui propose une carte pour financer des chèques-restaurant, la mobilité ou encore les services à la personne. En tant que startup à impact, Worklife ne prend aucune commission aux restaurateurs. À travers Worklife, il réinvente les avantages salariés pour aligner les objectifs de l’entreprise avec les nouveaux besoins des employés.
Mais avant cela, il a lancé l’application mobile CheckMyMetro pendant ses études et a ensuite fondé Yoopies, la première plateforme sociale de services à la personne en Europe. Se concentrant sur l’impact social de l’entrepreneuriat, il s’est engagé à lutter pour de meilleures conditions de vie et à réduire les formes d’esclavage moderne pour les employées à domicile grâce à l’acquisition de HelperChoice en Asie.
Échange inspirant avec un entrepreneur à impact qui ambitionne de devenir, avec Worklife, la solution ultime de gestion d’avantages salariés en Europe.
Entretien avec un entrepreneur inspirant : Benjamin Suchar
Votre première startup – CheckMyMetro – a été montée en quelques heures à l’occasion d’un StartupWeekEnd en 2010. En la développant pendant la nuit, vous pensiez vraiment la faire vivre ?
Sincèrement ? Non ! Lorsque, alors étudiant, je participe à mon premier Start Up Week End (2010), je présente une idée un peu rebelle : signaler la présence de contrôleurs dans le métro. Je ne pensais même pas que cette idée serait sélectionnée pour la suite du week-end. J’ai été soufflé par l’enthousiasme que cette idée avait généré : car au-delà du côté poil à gratter, il y avait une réelle ambition de changer en profondeur les trajets quotidiens en transports en commun de millions de personne en créant un réseau social du métro, une sorte de « Waze » des transports en commun.
C’est alors la première fois que je me retrouve dans une position de leadership. Une équipe d’une dizaine de personnes s’est constituée autour de mon projet et soudain chaque personne me demande quoi faire : je dois prendre des décisions, coordonner, trancher, etc.
Je réalise alors les responsabilités qui s’imposent à ce rôle et c’est un déclic. Nous gagnons le startup week-end et il n’est alors plus question de s’arrêter. L’aventure commence !
CheckMymetro deviendra alors le fer de lance de l’open data en France et permettra à la RATP de proposer une application enfin gratuite et un plan de métro libre d’accès. Une magnifique première aventure.
Par la suite, vous avez continué à entreprendre. Racontez-nous votre parcours jusqu’à Worklife
Je termine mes études en parallèle de CheckMyMetro. A ce moment, deux de mes trois sœurs deviennent mamans. Je me retrouve en vacances avec elles et je propose d’aller dîner. C’est là que je m’aperçois de la galère qu’elles rencontrent : elles n’ont aucune idée de comment trouver une baby-sitter de confiance !
Je crée alors Yoopies, qui deviendra la première marketplace de garde d’enfants puis de services à la personne en France puis en Europe. En étudiant ce marché à travers le monde, je me rends compte de la place particulière qu’occupe l’Asie. Dans cette région du monde, ce sont des « domestic helpers » qui viennent principalement d’Asie du Sud Est et qui sont la proie d’acteurs financiers et d’employeurs peu scrupuleux, qui, profitant de leur isolement, les condamnent à une forme d’esclavage moderne. Je décide alors de racheter HelperChoice. Grâce à notre technologie et notre solution totalement gratuite pour les helpers, nous court-circuitons les intermédiaires abusifs et sécurisons les relations entre familles et helpers.
Nous rajoutons ainsi une dimension sociale forte, qui a d’ailleurs été reconnue par de nombreuses organisations non gouvernementales.
De retour en France, je prolonge la solution B2C Yoopies avec une offre à destination des entreprises pour accompagner la parentalité : YoopiesAtWork.
C’est alors que je suis plongé dans les problématiques des DRH qui au-delà de la parentalité, ont énormément de mal à valoriser l’ensemble des actions qu’ils mettent en place.
Le Covid arrive à ce moment et change les règles du jeu : les avantages salariés seront durablement modifiés. C’est dans cette crise que je déniche une formidable opportunité et que nous créons Worklife.
Avec le recul, que conseilleriez-vous au Benjamin des débuts ?
Je pense que ma principale erreur du début a été de ne pas m’entourer de profils expérimentés qui pouvaient m’épauler : les indispensables middle managers.
Au lieu de ça et dans un souci d’optimisation de ressources limitées (j’avais levé 170 000€ avec lesquels nous avons tenu 4 ans), j’ai recruté beaucoup de juniors et de stagiaires. Ce fonctionnement ne peut durer qu’un temps.
Très vite, vous n’avez plus les relais managériaux nécessaires et vous perdez en efficacité.
Je dirai donc au Benjamin des débuts : entoure-toi de personnes meilleures que toi !
Concrètement, comment fonctionne votre solution ?
Worklife propose de regrouper sur une application l’ensemble des avantages mis en place par l’entreprise (complémentaire santé, épargne, accords d’entreprise, lignes de soutien psychologique, mobilité, titres-restaurant…). Cette application est dotée d’une carte de paiement (Visa) grâce à laquelle les salariés vont pouvoir financer un certain nombre d’avantages comme l’abonnement de transport et le forfait “mobilités durables”, les titres-restaurant, les services à la personne, l’indemnité de télétravail. La carte va ainsi faciliter grandement la valorisation de ces avantages. Son utilisation au quotidien, couplée à l’application mobile, fait de la solution un levier important pour piloter la marque employeur et enrichir l’ensemble des programmes internes.Enfin, grâce à l’interface de gestion RH automatisée et compatible avec l’ensemble des outils RH internes (SIRH, paie, compta), les professionnels des RH vont pouvoir piloter leurs avantages en toute simplicité et mesurer les performances de leurs actions.
La rapport au salarié est en train de changer. En quoi les avantages salariés peuvent-ils devenir un levier de performance ?
La crise sanitaire a changé le rapport au travail des salariés. En quête de sens, ils sont nombreux à démissionner. On parle beaucoup du “big quit” qui touche le marché de l’emploi aux États-Unis mais c’est aussi le cas en Europe et en France.
Les entreprises se retrouvent confrontées à un important turnover, et doivent repenser leurs stratégies RH. Dans un marché de l’emploi sous tension où la guerre des talents fait rage, fidéliser ses perles rares devient une condition de la performance.
Dans ce cadre, l’ensemble des avantages mis en place par l’entreprise constituent d’importants leviers de rétention mais manquent aujourd’hui de valorisation qui leur permettrait d’avoir un véritable impact stratégique.
En fait, les entreprises offrent souvent de nombreux avantages dont les employés sont rarement conscients. Comme nous venons de le voir dans la guerre des talents, ces avantages peuvent avoir des objectifs commerciaux, mais aussi financiers, pour augmenter le pouvoir d’achat, ou encore à des fins de responsabilité sociale et environnementale des entreprises.
Aujourd’hui, ils sont très peu valorisés en raison de la multitude de partenaires, ce qui ne permet pas d’avoir d’impact global. Worklife permet de rendre ces avantages tangibles et visibles en tant que véhicule de la marque employeur.
Quel est l’avantage salarié que vous rêveriez de voir partout avec Worklife ?
Je pourrais parler du forfait mobilités durables qui a le vent en poupe en ce moment et dont Worklife facilite la mise en place, ou encore de nos titres-restaurant éthiques sans commission pour les restaurateurs. Mais au-delà de tel ou tel avantage, c’est bien la solution globale de valorisation des avantages qui fait notre force.
En propulsant par exemple sur l’application un BSI (bilan social individuel) tous les mois, cela permet aux collaborateurs d’appréhender globalement la politique de rémunération de l’entreprise et pas simplement du salaire net.
Nous proposons une solution d’avantages salariés plus pertinente que celles qui existent et allons encore plus loin en valorisant l’ensemble de la politique sociale pour redonner de l’impact et créer de l’engagement.
Quels sont vos projets de développement ?
Worklife a pour ambition de devenir la solution ultime de gestion d’avantages salariés en Europe. Notre vision est d’aller vers les avantages flexibles (flex ben), avec la souplesse laissée aux salariés de choisir leurs avantages à la carte (plus de services à la personne pour les salariés parents, plus de sport ou de titres-restaurant pour les jeunes collaborateurs de 25 ans, etc.).
Worklife sera l’outil de référence des équipes RH pour gérer les avantages, analyser les performances de leurs actions et communiquer avec les salariés.
En termes de croissance des équipes, nous prévoyons d’embaucher 100 personnes dans l’année à venir, 300 sur 3 ans.
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