L’urbanisation a permis la création de belles villes, mais elle a oublié de mettre la nature au cœur de ses méthodes. On remarque alors une absence frappante de nombreux oiseaux et de certaines espèces végétales en milieu urbain. Il en est ainsi parce qu’en ville, les arbres fruitiers sont plantés sur les avenues, près des routes et dans les rues, et seulement dans un but décoratif. Cependant, au grand dam des politiques d’urbanisation, un mouvement s’engage à faire de ces arbres des sources d’aliments. Il s’agit du collectif nommé Guerilla Grafters (Guérilla Greffeurs en français), créé en 2012 aux États-Unis. Tara Hui, habitante de San Francisco, voulait légaliser la présence d’arbres fruitiers en ville mais n’y était pas parvenue. Elle lança alors ce mouvement, dont l’objectif est de greffer des branches nourricières sur des arbres fruitiers stériles.
En ville, les arbres fruitiers sont stériles
Beaucoup d’arbres fruitiers se retrouvent dans les espaces publics en ville. Et pourtant, ils ne remplissent pas leur fonction originelle qu’est la production de fruits. De fait, les urbanistes ne plantent des arbres que pour embellir la cité. Ils utilisent donc les espèces stériles pour éviter toute possibilité de pollinisation. Les insectes pollinisateurs comme les abeilles et les guêpes sont ainsi tenus loin de la ville.
Par ailleurs, les fruits attirent vers les arbres des animaux tels que les écureuils, les chauves-souris et autres oiseaux. C’est aussi pour éloigner de la ville ces animaux que les urbanistes ne s’intéressent pas aux arbres nourriciers. Enfin, il y a le facteur accident. Si des fruits se retrouvaient sur des trottoirs, ils pourraient les rendre glissants et causer des chutes. Guérilla Greffeurs propose toutefois une solution à cette éventualité. Chaque arbre greffé est suivi par un intendant qui s’assure qu’aucun fruit ne tombe et ne traîne par terre.
Guérilla Greffeurs, un projet solidaire
Tara Hui, en créant Guérilla Greffeurs, a pour objectif principal de lutter contre la malnutrition en ville. Elle a donc décidé de rendre les fruits accessibles à tous les citadins. Le mouvement n’a pas tardé à trouver des adhérents. Sur les réseaux sociaux, il prend de l’importance et des cellules commencent par se créer dans d’autres villes du monde. Guérilla Greffeurs est donc un projet coopératif à visée écologique, qui milite pour des villes moins artificielles. Le collectif fait par ailleurs des campagnes de sensibilisation sur la sauvegarde de l’environnement.
Les activistes de Guérilla Greffeurs procèdent à la greffe de branches nourricières sur des arbres fruitiers stériles pendant la nuit. Pour effectuer la jonction des branches, ils se servent de ruban de couleur. Ainsi, d’autres bénévoles partisans du mouvement reconnaissent les arbres greffés et les surveillent. Certes, le collectif n’a pas d’existence légale, mais la justesse de la cause qu’il défend le rend sympathique. Il greffe uniquement des arbres indiqués par des intendants d’une localité donnée, ceux-ci prenant l’engagement de surveiller les arbres en questions. C’est donc dans la solidarité que le mouvement agit.
Une carte pour identifier les arbres fruitiers stériles
Le collectif Guérilla Greffeurs ne se limite plus seulement à San Francisco. Les Guérilleros de la greffe ont mis en ligne une carte qui recense les arbres fruitiers stériles en milieu urbain. La carte permet à n’importe qui d’identifier les arbres fruitiers stériles présents dans sa ville. Ainsi, quiconque est intéressé par la cause peut facilement mobiliser des personnes et commencer la greffe.
Par ailleurs, même sans avoir des connaissances en botanique ou en fruiterie, vous pouvez greffer des arbres rien qu’en lisant le manuel de Guérilla Greffeurs. Le document, originellement écrit en anglais, est traduit en français et disponible sur internet.
Lire plus d’articles sur DigiTechnologie :
– Créer une forêt primaire en Europe, cliquez-ici
– Cultiver un potager dans un appartement, cliquez-ici
– Arrêter le gaspillage avec la solution Pagachey, cliquez-ici