Willem Rodier, co-fondateur de FlowBow

Face à l’évolution du monde du travail et aux problèmes rencontrés par les entreprises à manager les compétences de leurs salariés, Jonathan et Willem, les 2 cofondateurs de Flowbow, décident de créer leur startup en août 2019. Leur mission : numériser et promouvoir le développement des compétences.

Entretien avec un entrepreneur inspirant : Willem Rodier

Quel a été le “déclic” pour vous lancer pour la première fois dans le monde fantastique des startups ?

Le déclic a plutôt été un « chemin »…

Un premier choc à 30 ans : « Mince, en fait ce poste de DRH, j’en ai pas du tout envie ». Ce poste était le poste « naturel » que quelqu’un, dans mon parcours professionnel, se “devait” de viser. Un superbe type de poste….mais qui ne me donnait pas du tout envie !

Du coup, le questionnement a été : “Pourquoi me stresser autant, me donner autant de mal, pour atteindre un poste qui ne me plait pas ? Mais en fait, qu’est ce que je veux faire ?”

Alors, j’ai mené ma quête de sens, pendant 1 an. J’ai invité des entrepreneurs à boire un verre sur Linkedin, testé l’engagement politique, repris des études d’Histoire pour le plaisir, en parallèle de mon job… un super moment.

Pour au final, me rendre compte que l’impact que je recherchais était dans l’entrepreneuriat.

Et « coup de bol », un collègue que j’appréciais souhaitait se lancer dans les mêmes sujets que moi….et paf !

La crise a permis de (re)mettre l’Humain au centre de la stratégie des entreprises et d’accélérer la digitalisation RH. Quel a été votre pivot en cette période ? Et comment faites-vous pour vous démarquer sur un marché très concurrentiel ?

Les 2 sujets qui nous passionnent avec mon associé Jonathan sont l’apprentissage et l’orientation professionnelle.

Le premier rôle de Flowbow, notre start-up, était d’aider les entreprises à mieux gérer les carrières internes, à mieux capitaliser sur leurs talents et à combattre ces fameuses « routes toutes tracées ».

Or, le COVID a complètement changé le contexte des entreprises et des services RH. La priorité devenait plutôt : comment protéger mes salariés… et les occuper ! Donc… comment les former puisqu’ils ne peuvent plus travailler comme avant ?

Après des dizaines de discussions avec des DRH, des responsables formation, nous avons décidé de « pivoter », c’est-à-dire de réorienter notre activité vers la digitalisation de formation.

En 48h, nous avons créé un nouveau site, une nouvelle promesse de valeur ajoutée. Et immédiatement, les entreprises se sont montrées intéressées !

Aujourd’hui, nous aidons nos clients à faciliter et digitaliser la montée en compétences des collaborateurs grâce à des services 100% sur mesure et à nos expertises en psychologie cognitive et en digital learning.

Jonathan est psychologue cognitiviste, expert de l’apprentissage chez l’adulte, et a réuni une équipe d’experts pédagogiques. Chacune de nos interventions est basée sur les neurosciences.

En 1,5 ans d’activité, nous avons plus de 40 clients, organismes de formation et entreprises, partout en France, avec quelques « noms » dont nous sommes fiers : Mercedes-Benz Academy, Castorama, Havas, l’Occitane, les 3 brasseurs, ASF, Messer France, la Fédération française de Tennis, etc.

On parle de plus en plus d’organisation apprenante. Quel regard portez-vous sur cette (r)évolution ?

L’organisation apprenante, ça date déjà de quelques années ! Tout le monde en parlait, sans vraiment avoir de définition claire ou partagée.

Aujourd’hui, ce qui change, c’est que l’on conçoit plus concrètement ce que cela signifie que d’instaurer une culture apprenante.

Et oui, nous avons tous connu « grâce » au COVID au moins une classe virtuelle, des modules de e-learning à consulter quand on le souhaite, des webinaires inspirants, des vidéos pédagogiques, etc.

Ce qui a changé, c’est que les gens perçoivent plus facilement les outils et modalités qui facilitent cette culture apprenante.

Mais honnêtement, je croise encore trop peu d’entreprises qui sont parvenues à développer une culture centrée sur l’apprentissage. Par contre, de plus en plus d’entreprises en prennent le (long) chemin !

La principale raison de cette difficulté, selon moi, est qu’une culture apprenante nécessite nécessairement un certain « lâcher prise » de la direction et du management, une certaine confiance envers les salariés.

Pas facile de faire accepter à tout le monde qu’un commercial puisse se former sur un sujet autre que la prospection. Et en plus, sur son temps de travail !

Vous avez mis en mis en place un programme « Fondation », dans lequel vous aidez des associations d’intérêt général gratuitement. Pouvez-vous nous en dire davantage sur cette démarche ?

Je vous avoue qu’on est là vraiment sur un sujet de « kiff », de plaisir personnel partagé par mon associé et moi-même. Nous voulons vraiment que Flowbow ait un impact positif sur le monde qui l’entoure.

Nous cherchions, en plus de notre activité principale qui en soit a déjà beaucoup de sens (faciliter l’apprentissage pour tous), un moyen plus « direct » d’impacter la société.

De là est né le programme « Objectif Fondation ». Dans ce programme, nous aidons (dans le cadre d’un mécénat de compétences) des associations d’intérêt général qui ont peu de moyens ou qui sont en création. Concrètement, nous offrons les mêmes types de services qu’à nos clients, le même niveau de qualité, toujours autour de la digitalisation de formation ou de parcours d’apprentissage.

La première association à en bénéficier est « Balance ton Stage », qui vise à sensibiliser et former contre le sexisme qui affecte les populations étudiantes.

Nous en sommes super fiers car nous n’avons une activité régulière que depuis 1 an et demi, sans levée de fonds, sans aide ou subvention. Et pourtant nous parvenons à dédier du temps à ce type de projet.

L’idée est, à terme, de pouvoir créer une véritable Fondation Flowbow !

Quelles sont les prochaines étapes de votre développement ?

L’objectif est de doubler de taille tous les ans ! Et sans levée de fonds s’il vous plaît 🙂

3 raisons à cela.

D’abord pour une raison philosophique.

Avec Jonathan, nous souhaitons depuis toujours créer une entreprise qui crée de la valeur, qui est rentable par elle-même. C’est une vraie fierté et une vraie philosophie.

Ensuite une raison aussi professionnelle. Nous souhaitons, le plus longtemps possible, rester capitaines de notre navire, sans influence externe, sans devoir rendre des comptes. 

Enfin, une raison économique. Notre modèle économique est un modèle de vente de services en BtoB. Nous avons moins besoin d’un capital important au départ pour développer une application, ou obtenir le plus d’abonnés possibles comme les entreprises plus technologiques.

Evidemment, comme à peu près tout dans l’entrepreneuriat, tout cela peut évoluer dans le temps !

Depuis le premier jour, nous sommes une société rentable, qui grandit uniquement grâce à son travail et surtout à ses clients (merci à eux d’ailleurs !).

Donc, la prochaine étape est encore est toujours… de RECRUTER !

Business developers, ingénieurs pédagogiques, psychologues cognitivistes, responsables marketing, communication…..en stage, en alternance, et en CDI.

Donc vous connaissez la question : « si vous connaissez quelqu’un, qui connaît quelqu’un…..faites passer le mot ! ».

Quel conseil atypique donneriez-vous à tout entrepreneur qui se lance ?

Le premier conseil atypique serait de toujours chercher et écouter les conseils, mais ne jamais les suivre.

Lorsque vous montez une entreprise, beaucoup de gens vous diront quoi faire, comment le faire. Parfois en totale contradiction les uns avec les autres. La même chose que lorsque vous demandez des conseils sur comment élever votre enfant. Tétine ou pas tétine ?

Donc au final, cherchez toujours des conseils, mais décidez seul à un moment donné.

Deuxième conseil pas atypique : lancez-vous, franchement c’est super. Et en plus, en France, c’est quand même plus facile qu’autre part.

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