Francis Lelong, co-fondateur de Sarenza.com et fondateur d’Alegria.tech

Véritable multi-entrepreneur récidiviste, il a créé, géré et développé plus d’une douzaine d’entreprises numériques dans une variété d’industries sur une période de 20 ans. En 1999, il co-fonde sa première société, Blackorange (top 15 du e-commerce français en 2001). Il lance ensuite Sarenza.com, qui deviendra le numéro un des ventes de chaussures sur Internet. Depuis, il a co-dirigé la plateforme de streaming Qobuz et lancé Alegria.tech, la première agence Nocode.

Cette expérience d’entrepreneur lui permet d’accompagner et d’inspirer plus efficacement d’autres entrepreneurs aujourd’hui.

Entretien avec un entrepreneur inspirant : Francis Lelong

Vous dites de vous même que vous êtes un multi-entrepreneur récidiviste. D’où vous vient cette niaque d’entreprendre ?

Je crois que je suis tombé dedans depuis tout petit. Mes parents étaient entrepreneurs, je les ai toujours vu travailler énormément. Ils ont dû me transmettre le virus.

L’envie aussi d’indépendance ; bien que cette notion soit en réalité très subjective au regard des responsabilités portées par l’entrepreneur.

Vous avez touché de l’or, notamment avec la création de Sarenza.com, mais pas que. Toofoot ou l’edito.com que vous avez lancé n’ont pas connu le même succès. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs pour se relever toujours ?

C’est d’abord un état d’esprit !

Si tu ne n’es pas prêt mentalement à repartir de 0 à chaque fois, il ne faut pas faire ce métier.

A chaque nouvelle entreprise, il faut être capable de faire « all in », comme disent les joueurs de poker. C’est une condition nécessaire pour réussir mais pas suffisante.

Et garder une chose très importante à l’esprit : ton seul risque c’est de réussir !

Précuseur du Nocode, vous avez co-créé Alegria.tech et ouvrez à présent Alegria.academy, la 1ère école du Nocode au monde. Une manière de préparer les leaders de demain ?

Aujourd’hui, la tech est partout ! Avec seulement 0,3% de la population mondiale qui maîtrise le code, les développeurs ont en réalité un droit de vie et de mort sur l’essentiel de l’innovation.

Ça ne peut pas continuer comme ça.

Ma conviction c’est que l’informatique arrive à une étape de son histoire où il est possible de devenir acteur de sa vie numérique sans avoir besoin de savoir coder. Ca ne veut pas dire qu’il n’y aura plus besoin de codeurs, ni que certains concepts de la construction de logiciels ne doivent pas être appris. Mais le Nocode ouvre clairement là porte à une nouvelle génération de managers qui seront bien plus agiles et autonomes pour innover.

Vous attachez une grande importance à intégrer la diversité, l’inclusion et l’accessibilité dans votre démarche. Les startup à succès de demain devront-elles impérativement suivre ce chemin ?

C’est une évidence depuis le premier jour pour Christelle et Thomas. (n.d.l.r : Christelle Curcio et Thomas Bonnenfant de Alegria.group) Face aux défis que notre génération et la suivante devront relever, on cherche tous à trouver du sens dans ce que l’on fait.

Dans nos métiers, on se plaint de la pénurie de développeurs alors que seulement 15% d’entre eux sont des femmes !

En France en 2021, seulement 13% des startups ont une fondatrice dans l’équipe. C’est insupportable.

On ne veut pas refaire les mêmes erreurs avec le Nocode. On a la chance de partir d’une feuille blanche. A condition d’être proactif dès le départ sur ces sujets, nous pouvons vraiment changer la donne.

En parlant de diversité, que pensez-vous de la place actuelle des femmes dans la Tech ? Que faudrait-il faire pour les encourager à embrasser davantage cette voie ?

Le problème est profond, culturel et éducatif.

Je ne connais pas de solution miracle, il faudra du temps pour changer les mauvaises habitudes, mais j’ai confiance dans la génération à venir pour continuer le chemin pris depuis quelques années.

On a besoin de plus de role model.

Les pionnières des années 2000 ont montré la voie, les femmes s’organisent maintenant en réseau, mais le chemin sera encore très long, malheureusement.

Vous êtes très actif au sein du Startup Leadership Program. Avec votre expérience et cet accompagnement que vous offrez, qu’est-ce qui, selon vous, fait une « bonne startup » ?

C’est une alchimie très complexe effectivement.

J’ai pu accompagner une bonne 20aine de startup depuis 10 ans, et je dois dire que la recette du succès évolue souvent.

Je ne crois pas au modèle unique qui fonctionnerait dans tous les cas, et c’est très bien comme ça.

Il y a cependant un socle commun composé de beaucoup de travail, de la solidarité entre les fondateurs, d’une offre qui crée vraiment de la valeur et d’un marché à conquérir.

Ce dernier point étant souvent le plus compliqué à appréhender car aujourd’hui, les marchés évoluent très vite.

Pour lever des fonds, quelle musique écouteriez-vous ?

AC/DC Highway To Hell ! Car il faut accepter de recevoir 99% de “non” pour 1% de “oui” ! 😉

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