Louis Ajacques, co-fondateur de Spayr

Les 3 fondateur de Spayr, de gauche à droite : Louis Ajacques, Paul Riché et Pierre Olive

Louis Ajacques, Paul Riché et Pierre Olive sont les 3 entrepreneurs à la tête de Spayr, une Fintech à impact créée en 2021 qui chamboule les politiques salariales pour donner plus de flexibilité aux salariés.

Pour faire simple, il s’agit d’une solution qui permet aux salariés de disposer de leur salaire de manière fractionnée, quand ils en ont besoin ; et donc sans attendre la fin du mois ! Comme Station F aime bien les solutions qui disruptent le marché, l’incubateur a évidemment accueilli Spayr dans la promotion de son Future 40, dans la catégorie FinTech.

Entretien lumineux avec Louis Ajacques, l’un des co-fondateurs de cette belle startup à mission, qui redonne aux salariés le contrôle de leur paie et permet aux entreprises de gagner en attractivité.

Entretien avec un entrepreneur inspirant : Louis Ajacques

Selon une enquête d’Opinion Way de février 2022, 35 % des Français (62 % des jeunes) souhaiteraient recevoir leur salaire en plusieurs fois. Est-ce vraiment la solution aux fins de mois difficiles ?

La meilleure solution aux fins de mois difficiles reste d’augmenter les niveaux de salaire, seulement ce n’est malheureusement pas dans notre rayon d’action.

En revanche, on est convaincus qu’augmenter la fréquence de la rémunération apporte une flexibilité indéniable qui peut aider un certain nombre de gens à mieux gérer leur budget.

De manière générale, on remarque que les cycles ont tendance à se raccourcir, pour des raisons évidentes de visibilité et de planification. C’est le cas par exemple des impôts désormais prélevés à la source et non plus annuellement.

Chez Spayr, on a tendance à penser qu’il est plus simple de gérer un budget sur une semaine que sur un mois. Et en tout cas on veut au moins laisser l’option à ceux qui le souhaitent de pouvoir bénéficier de plus de contrôle sur la temporalité de leur versement.

Au-delà du salaire en plusieurs fois, un accompagnement à la gestion de budget reste la réponse la plus efficace aux fins de mois difficiles, et c’est ce qu’on propose chez Spayr avec nos différents outils.

Déjà en place dans bon nombre de pays anglo-saxons, pourquoi est-ce que la « paie fragmentée » à mis autant de temps à arriver en France ?

Les habitudes sont déjà différentes sur les cycles de dépenses. Par exemple, en Angleterre, beaucoup versent leur loyer à la semaine et non au mois.

Ensuite il y a un rapport à l’argent qui est beaucoup plus décomplexé dans les pays anglo-saxons. Quand on voit qu’en France, près d’un salarié sur deux n’ose pas demander un acompte à son employeur en cas de difficulté financière, ça laisse imaginer l’écart qu’on a à rattraper.

Enfin la technicité de la paie en France est aussi un frein au développement de la paie fractionnée, avec des spécificités complexes et des réglementations qui évoluent en permanence. Si bien que beaucoup d’entreprises n’ont tout simplement pas les moyens d’effectuer plusieurs cycles de paie dans un mois. C’est là qu’on peut intervenir avec Spayr.

La fiche de paie à un coût pour l’entreprise et le code du travail quant à lui, impose généralement le règlement mensuel du salaire. Vous vous attaquez à un sacré morceau ! Comment faites-vous pour changer la donne ?

En effet, on utilise le dispositif de l’acompte sur salaire, qui est également inscrit dans le code du travail. Aujourd’hui, un salarié qui a travaillé 10 jours dans un mois peut demander 10 jours de salaire à son employeur, qui sera dans l’obligation de lui verser. Ce dispositif est aujourd’hui très peu mis en avant par les entreprises pour deux raisons principales : la lourdeur administrative et la trésorerie.

Spayr vient éliminer ces deux obstacles : les demandes se font sur notre app en deux clics, et nous proposons aux entreprises qui le souhaitent de leur avancer la trésorerie sur le mois.

Les Fintech ont chamboulé l’univers de la banque et chez Spayr vous avez décidé de chambouler l’univers de la paie. Du coup Fintech ou HRTech ?

Difficile de trancher : Spayr utilise la FinTech au service des salariés, afin d’améliorer leur qualité de vie et leur engagement en entreprise. Spayr c’est donc la FinTech au service des RH.

La QVT est un concept relativement récent mais de mieux en mieux intégré par les entreprises, notamment depuis la crise du Covid. Seulement, vous aurez beau proposer les meilleurs avantages, si vos salariés sont en insécurité financière, ils n’auront aucun impact. Le bien être financier est pour nous à la base de la QVT et constitue le premier socle sur lequel construire des avantages salariés.

Comment fonctionne concrètement Spayr ? Pour les entreprises et pour les salariés.

Pour les salariés, c’est une application mobile.

Vous pouvez y suivre au jour le jour l’évolution de votre salaire gagné. En deux clics, vous pouvez retirer une partie de votre solde, qui sera viré en instantané sur votre compte bancaire. Nous proposons aussi sur l’application des modules d’aide à la gestion de budget ainsi qu’une offre de micro-épargne salariale, pour mettre de côté tous les mois sans y penser.

Pour les organisations : un tableau de bord qui permet le suivi des demandes et le paramétrage des règles de retrait.

Notre offre est conçue pour se fondre dans les processus de paie existants au sein des entreprises, et nous pouvons nous déployer en une dizaine de jours dans une ETI.

Vous faites partie des startups les plus prometteuses de Station F pour 2022. Quel est le soutien de cet écosystème dont vous auriez du mal à vous passer ?

En effet, cette sélection en Novembre nous a permis de bénéficier d’un accompagnement spécifique de Station F en plus de celui que nous avions chez EDHEC Entrepreneurs.

Ce soutien est critique en phase d’amorçage, puisqu’il nous apporte expertise et expérience sur des thématiques précises (juridiques, UX/UI design, financières…) ainsi qu’une visibilité auprès de partenaires et investisseurs. C’est un réseau solide sur lequel nous nous appuyons depuis notre lancement.

Quelles sont les prochaines étapes de votre développement ?

Nous commercialisons depuis début Janvier et sommes actuellement en phase de déploiement chez nos premiers clients dans les secteurs HCR et Retail.

L’objectif à court terme est donc de construire une équipe à même de soutenir notre forte croissance et nous recrutons en ce moment pour doubler de taille et atteindre une douzaine de personnes.

A moyen terme nous voulons répliquer ces succès sur d’autres verticales de marché. Le besoin est énorme et l’objectif avoué est d’équiper de la souplesse de Spayr chaque salarié qui le souhaite.

Vous êtes 3 co-fondateurs de 28, 29 et 30 ans. Pas envie de diversifier le board avec une co-fondatrice de 31 ans ?

Et comment !

Notre mission chez Spayr est extrêmement parlante et les enjeux s’adressent à tous. Nous sommes a la recherche de profils passionnés et prêts à bousculer les habitudes. Et si ça peut nous aider à atteindre nos objectifs de parité c’est encore mieux !

En parlant de vous 3, vous êtes aguerris aux sports dits « extrêmes » : sur mer, ciel et terre. Faut-il ne pas avoir (un peu) froid aux yeux pour se « jeter » dans l’entreprenariat ?

C’est sûr que c’est un saut dans le vide avec une grosse part d’excitation, mais comme dans les sports extrêmes, la part d’inconnue doit être contrôlée et rester la plus minime possible.

Les conditions météo, le matériel, l’équipe, on essaie de partir avec une idée claire de là où on veut se rendre. Et après il y a forcément des péripéties en cours de route, d’où la nécessité de s’entourer au mieux et de faire des choix avec rationalité !

Finalement ce qui nous aide à garder un cap, c’est d’avoir formalisé notre mission au début de l’aventure. Spayr est une des premières Fintech à mission de France, avec comme raison d’être d’améliorer la résilience financière des salariés.

Lampe d’Aladin, quelles sont les 3 startups à impact à imaginer pour construire un monde plus éthique ?

Cette question nous parle et on est tous trois convaincus que la technologie peut apporter de nombreuses réponses aux enjeux que nous traversons.

Louis Ajacques :

  • Une startup qui permettrait la décarbonation du transport
  • Une startup qui faciliterait l’accès à l’éducation dans n’importe quel contexte
  • Une startup de dépollution des mers à grande échelle

Paul Riché :

  • Une Start-up qui permet d’inclure et de valoriser les travailleurs “cols bleus”
  • Une Start-up de gestion des déchets d’une manière plus communautaire – Consigne du verre, récompense pour le tri et le jet d’ordure …
  • Une Start-up qui permet de donner plus de transparence dans les achats, sur la provenance des achats que l’on fait

Pierre Olive :

  • Une Start-up qui permet la réinsertion des anciens détenus par la formation
  • Une Start-up de valorisation des économies d’énergie au niveau d’un foyer
  • Une Start-up d’aide aux devoirs pour les élèves de primaire issus de quartiers défavorisés

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