Paul Courtaud, CEO de Neobrain

Passionné par le monde de l’entreprise depuis le Lycée, Paul Courtaud a lancé son premier projet de startup de l’EdTech à 17 ans, alors en Terminale. Un projet qu’il revendra à l’Etudiant avant de créer NeoBrain en 2017 ; une solution de la HRTech qui permet la gestion des talents grâce à l’IA et à l’analyse des compétences.

Après une première levée de fonds en 2020 de 3 millions d’euros, Neobrain compte aujourd’hui plus de 70 collaborateurs et prépare une belle levée de fonds pour lui permettre d’accélérer son développement et de passer le cap des 200 collaborateurs.

Dans un contexte de transformation des métiers et des organisations, entretien inspirant avec Paul Courtaud, son CEO et fondateur. Occasion de revenir sur ses projets de développement mais également sur un parcours de (très) jeune entrepreneur piqué au berceau qui ambitionne de devenir le leader européen de la gestion des talents et des compétences.

Entretien avec un entrepreneur inspirant : Paul Courtaud

Vous avez créé votre première startup à 17 ans Futurness que vous avez revendue à l’Etudiant. Racontez-nous ce premier parcours.

A l’époque j’étais en Terminale et je me rendais compte que l’offre de formation en France était foisonnante, mais complexe. Les jeunes ont dû mal à se projeter vers des métiers qui n’existent, parfois, pas encore.

J’ai cofondé Futurness pour aider les jeunes à trouver le métier et les études qui leur correspondent. J’ai commencé en contractant un prêt de 100 000€ et au bout de 6 mois, tout s’était envolé. C’était une sacrée claque.

Nous avons dû pivoter et passer d’un modèle de « boutiques d’orientation » au déploiement d’un réseau de coachs pour accompagner les jeunes, appuyés par une technologie de pointe. J’ai eu la chance de revendre le pas de porte de la première boutique pilote, et c’était reparti, nous avions 40 000€ en banque pour donner un dernier souffle à l’entreprise.

En deux ans, nous sommes passés de 50 jeunes accompagnés à près de 1000 chaque année.

En 2017 nous accompagnions plus de 10 000 jeunes par an sur le territoire, avec une particularité : l’accompagnement de publics fragilisés (jeunes en situation de handicap ou jeunes issus de la protection de l’enfance). Le pari était gagné !

En parallèle, j’effectue un double cursus à Sciences Po Paris et à HEC Lausanne, les journées étaient denses.

Pourquoi l’avoir revendue à L’Etudiant ?

A l’époque, notre principal concurrent se faisait racheter par Studyrama. Le marché se consolidait et je voyais tout le potentiel d’accélération avec le rapprochement avec l’Etudiant.

Cela a permis à l’entreprise de tripler son chiffre d’affaires en quelques années, tout en continuant à être profitable.

En 2017 vous créez Neobrain. Comment vous est venue l’idée ?

A la fin de mon aventure chez Futurness, j’ai fait le constat que les métiers évoluent à vitesse grand V.

En quelques années, nous voyons que derrière le même intitulé, les compétences attendues avaient complètement changé. J’ai cherché à comprendre comment les grandes entreprises accompagnent ces transitions et je me suis rendu compte qu’elles sont équipées pour gérer des transitions en masse (tout le monde passe du point A au point B), mais ces organisations ont plus de difficultés pour tenir des comptes des situations individuelles de leurs salariés.

Or, cela fait de plus en plus partie des attentes des individus pour choisir leur parcours de carrière (mes contraintes, mes appétences, mes compétences, etc.). C’est ainsi que nous avons construit Neobrain pour allouer la bonne compétence, au bon endroit au bon moment, et ce en individualisant la relation avec chaque salarié.

Concrètement, comment fonctionne votre solution ?

Notre mission est d’apporter aux entreprises, en temps réel, des informations concrètes pour savoir quels métiers vont se transformer ou disparaître. Nous permettons ainsi aux entreprises d’anticiper les évolutions des métiers et de valoriser d’abord les compétences et motivation de leurs collaborateurs.

Pour ce faire, Neobrain analyse quotidiennement 54 millions d’offres d’emploi dans 50 pays et agrège plus de 600 observatoires métiers pour visualiser l’évolution des compétences secteur par secteur et pays et par pays.

C’est une plate-forme Saas qui permet en 3 minutes par jour pendant 5 jours d’identifier ce qui donne vraiment envie de se lever tous les matins aux collaborateurs ainsi que leurs talents.

Ça va nous permettre de proposer à chaque salarié des évolutions motivantes et alignées avec la stratégie de l’entreprise.

Neobrain lui propose ensuite les formations stratégiques qui vont booster sa carrière et lui assurer un parcours professionnel sans rupture. Pour le manager et l’équipe RH, la plateforme détecte les compétences et motivations de leurs équipes.

Cette solution permet de capitaliser et de garder les forces vives de l’entreprise et d’assurer que tous les talents mobilisent leur potentiel.

C’est très important dans cette période actuelle. Avec une forte tension du marché de l’emploi, il est dommage de ne pas mobiliser tous les atouts de nos équipes.

Votre jeune âge a-t-il été un frein pour lever des fonds ?

Ce fut un atout et un inconvénient à la fois.

Un atout, car j’ai pu revendre ma première entreprise à 22 ans et donc cela m’a permis d’ouvrir quelques portes de fonds d’investissement intrigués.

En revanche, c’est autre chose de demander à des investisseurs de confier 3 millions d’euros à un jeune de 24 ans. Avec peu d’expérience, je découvre chaque nouvelle étape.

Le plus important est de commencer par le reconnaître et ainsi de s’entourer de personnes qui ont l’expérience et la sagesse pour gagner du temps et gérer les risques.

La marché étant assez atomisé, envisagez-vous de racheter des entreprises pour compléter votre offre et renforcer votre présence ?

Pour l’instant nous privilégions la croissance organique (pas de rachat externe), mais c’est une option que nous envisageons.

Vous projetez de lever à nouveau ?

Nous allons prochainement annoncer une belle levée de fonds qui devrait nous permettre de passer la barre des 200 collaborateurs cette année et près d’un million de salariés accompagnés via notre plateforme.

La confiance de nos clients (d’abord) et ce tour de financement nous permettront d’atteindre l’équilibre dans quelques années.

Quels sont vos projets de développement ?

Nous avons deux axes de développement prioritaires.

L’ International :

  • Nous allons renforcer notre implantation dans d’autres pays. Dans un premier temps, l’Allemagne, l’Angleterre, puis le marché américain en 2023.

L’ Investissement dans la R&D (+40% de notre budget) :

  • Donner aux managers des outils de pilotage utiles pour les aider à développer les compétences de leurs équipes et identifier en interne les talents
  • Renforcer la résilience des entreprises en investissant sur le strategic workforce planning pour permettre aux équipes RH de simuler l’impact de décisions stratégiques sur leurs équipes
  • Offrir une visibilité dynamique des compétences disponibles et des talents motivés pour répondre à des projets courts
  • Faciliter la rencontre entre l’offre et la demande de compétences en interne avec le système de learning matching pour renforcer la polyvalence des équipes et optimiser chaque compétence interne

Si Neobrain était une chanson ?

Le mélange de Perfect Symphony de Ed Sheeran et Andrea Bocelli, What A Day de the Lette et Giant de Calvin Harris.

Lire plus d’articles sur DigiTechnologie :
– Mendo, la startup qui vous aide à vous servir d’excel, cliquez-ici
– Worklife, la startup qui réinvente les avantages salariés, cliquez-ici
– Aider vos salariés à se sentir bien avec Lily Facilite la vie, cliquez-ici
– Découvir le parcours d’Olivier Berrouiguet, CEO de Synertrade, cliquez-ici